Compost

Le compost est aussi appelé l’or noir du jardinier, tant ses composants sont précieux. Nous allons vous montrer comment des déchets se transforment en un compost riche en humus.

09 Jun, 2021 à 12h16
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Des feuilles mortes en automne, des branches broyées en hiver et à partir du printemps, de nouveau de la coupe de gazon: Le jardin fournit toute l’année des déchets végétaux. Mais ne les jetez surtout pas dans le bac à déchets verts! Car ils constituent la matière première d’un véritable produit miracle: le compost. En incorporant le compost humifère au sol, on l’améliore durablement. Le sol est allégé et peut mieux stocker l’eau et les nutriments qui seront à leur tour disponibles pour les plantes. Le compost contient par ailleurs beaucoup de nutriments, on peut donc renoncer largement aux engrais. C’est donc intéressant pour le porte-monnaie, l’environnement et le climat. Quelques communes subventionnent même l’achat d’un composteur car cela réduit la collecte des ordures par la commune.

Le tas de compost

Un tas de compost optimal se compose d’au moins deux conteneurs. Dans le premier, vous rassemblerez tous les déchets qui vous permettront de constituer le deuxième: Mélangez des déchets grossiers (de la taille de buissons) avec des déchets fins (coupe de gazon), des déchets humides (pommes gâtées) avec des éléments secs (feuilles d’automne) et des éléments riches en nutriment (restes de légumes) avec des éléments pauvres (bois broyé). Vous ne devez pas compacter les déchets car le manque d’oxygène entraine la pourriture du compost: le matériau ne se décompose pas complètement et dégage une odeur si désagréable que cela peut provoquer une nuisance olfactive.

Au bout d’environ trois mois, les pros du compost retournent les déchets à moitié décomposés. Ils sont alors soit répartis en nouvelles couches dans le même conteneur, soit transvasés dans un troisième conteneur, ce qui est plus simple et plus soigneux. Cette réorganisation favorise l’aération du tas de compost et permet ainsi d’en réduire nettement le volume une nouvelle fois. Le compost fraichement retourné atteint le stade dit de maturité en moyenne au bout de sept mois. La plupart des composants se sont alors bien décomposés, l’humus sombre dégage une odeur de terre des forêts.

Tas de compost
A partir de déchets verts, on obtient du compost qui est un engrais riche et naturel.

Vous pouvez vous éviter la fastidieuse opération du retournement du tas de compost en disposant les déchets tout de suite avec soin et en les mélangeant comme indiqué. Si on ne le retourne pas le tas de compost, on trouve souvent des restes mal décomposés dans les zones périphériques du silo. Vous pouvez les réincorporer lors du compostage suivant.

Composteur

On peut aussi fabriquer sans trop d’efforts son propre composteur en bois ou en métal. L’essentiel est que l’air puisse y pénétrer et qu’il repose directement sur la terre. Ainsi, les organismes vivant dans le sol qui transforment les restes végétaux en humus peuvent y entrer et en sortir. Il faut juste tenir à distance les hôtes indésirables comme des souris et des rats au moyen d’un grillage à mailles serrées posé dans la partie inférieure. Pour pouvoir retourner le compost plus aisément, il est judicieux de pouvoir retirer complètement au moins une des parois latérales.

Que peut-on mettre dans le compost?

Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’on a le droit de mettre dans le compost et ce qui ne doit pas y être jeté? Par principe, toutes les matières premières végétales et animales sont compostables. Pourtant, même dans ces catégories, il y a des déchets qu’il vaut mieux ne pas composter à cause de résidus indésirables, par exemple des métaux lourds dans les cendres de bois et d’autres substances critiques. Les excréments des chats et autres carnivores sont également tabous.

Vous ne devez pas vous débarrasser de ces déchets dans le compost

La litière de petits animaux, les coques d’œuf écrasées, le marc de café et les sachets de thé y compris les filtres, les feuilles mortes, les fruits tombés, la taille de vivaces et de buissons, la coupe de gazon, des restes de légumes, les plantes en pot desséchées et les fleurs coupées fanées peuvent être compostés sans problème. Les fruits gâtés et la coupe de gazon doivent être déposés en couches minces en raison du risque de pourriture. Les pelures de fruits exotiques contiennent des produits fongicides et se décomposent très lentement, c’est pourquoi il ne faut les ajouter au compost qu’en petites quantités. Les mauvaises herbes ne doivent être compostées que si elles n’ont pas encore formé de graines. Il faut absolument laisser bien sécher les mauvaises herbes à racine pivotante comme l’herbe aux goutteux et lechiendent avant le compostage. Les déchets provenant des toilettes sèches peuvent aussi être éliminés dans le compost.

Compost biologique
Les écorces de fruits sont tout à fait appropriées pour le compost.

Ces déchets n’ont rien à faire dans le compost

Les graisses et les huiles, les restes alimentaires d’origine animale comme la viande, le fromage, les os et les arêtes de poisson n’ont pas leur place dans le compost. Les cendres de charbon doivent être jetées dans les ordures ménagères et les cendres de bois y seront aussi mieux à leur place car, selon l’origine du bois, elles peuvent contenir des teneurs élevées de métaux lourds. Les excréments de chiens et de chats, les sacs d’aspirateurs, les magazines, les mouchoirs en papier, les mégots de cigarettes, les déchets provenant du balayage des rues, le métal, les pierres, le cuir, le plastique et les matériaux composites (Tetrapacks) et le bois traîté seront également plutôt laissés aux bons soins de la collecte des ordures. Ce sera également le cas des parties de végétaux qui sont infectées par des maladies comme le feu bactérien ou la hernie du chou. De la même manière, les restes de produits phytosanitaires synthétiques et naturels n’ont pas leur place dans le compost.

Que faire avec les végétaux malades?

La question de savoir si on peut composter des végétaux malades dépend de la maladie dont ils sont infectés. Les fruits tombés et de conservation qui sont pourris peuvent généralement être compostés sans souci. Cela vaut aussi pour les citrouilles et les courgettes infectées par du mildiou, ou des feuilles d’arbres fruitiers attaquées par des champignons foliaires comme la rouille ou la tavelure. Les agents pathogènes ne se multiplient que sur des tissus végétaux vivants ou se décomposent au fur et à mesure du pourrissement. Les champignons, bactéries et virus qui persistent dans le sol peuvent aussi continuer à vivre dans le compost. Il ne faut donc pas composter soi-même les légumes-racine infectés par de l’oïdium de la carotte, ou du raifort, des trognons de chou présentant des signes de hernie du chou, des pommes de terre et d’autres légumes attaqués par des vers ronds (nématodes) mais les jeter dans les ordures ménagères ou les porter à l’usine de compostage. Les germes pathogènes seront détruits en toute sécurité au moyen de processus professionnels.

Composter des feuilles mortes

Les feuilles mortes sont généralement pauvres en nutriments parce que de nombreux arbres se débarrassent toutes les substances utilisables avant de perdre leurs feuilles. Mélangez-les donc toujours avec d’autres déchets végétaux riches en azote, comme de la coupe de gazon ou des restes de légumes. Conseil: A l’automne, retirez les feuilles mortes de vore pelouse simplement avec la tondeuse. Elles seront alors tout de suite broyées et mélangées avec la coupe de gazon et peuvent ainsi bien se décomposer.

Composter des feuilles mortes
Les feuilles mortes sont pauvres en azote et doivent donc être mélangées au compost avec de la poudre de corne ou d’autres composants azotés.

Si vous avez une grande quantité de feuilles mortes dans votre jardin, vous devez les ajouter au compost en couches de 10 à 20 centimètres d’épaisseur et répandre un peu de taille de gazon séchée sur chaque couche. Les feuilles d’arbres fruitiers, de frêne, de sorbier, de charme, d’érable et de tilleulsont également bonnes à composter. En revanche, les feuilles de bouleau, de chêne, de noyer et de châtaigner contiennent de nombreux tanins qui freinent le processus de décomposition. Jetez au compost les feuilles des arbres indiqués plus haut si possible broyées et en petites quantités et ajoutez éventuellement un peu de poudre de roche qui neutralise les tanins. Conseil: Le compost obtenu uniquement à partir de feuilles donne une terre de bruyère aérée, par exemple pour les myrtilles et les hortensias.

La tonte de gazon ne doit être compostée qu’en couches mince ou bien mélangée avec des restes végétaux riches en structures (dans une proportion de 3 à 5 pour 1). Des couches plus épaisses créent des foyers de pourriture et de moisissure.

Compléments pour le compost

Différents compléments aident les micro-organismes à décomposer les déchets pauvres en nutriments: La poudre de corne apporte de l’azote, les poudres de roche et d’algues procurent des oligo-éléments. Ces derniers absorbent d’ailleurs les odeurs désagréables. Les activateurs de compost (par exemple Biorott, Radivit) contiennent tous les nutriments nécessaires dans une proportion idéale et accélèrent ainsi le processus de décomposition. Quelques pelletées de compost mûr sont une aide efficace pour débuter la décomposition.

activateur de compost
En ajoutant un activateur de compost, vous favorisez le processus de décomposition dans votre thermo-composteur.

Les compléments comme la chaux d’algues ou poudre de roche sont mélangés avant l’application avec un matériau finement grumeleux et enrichissent le sol en minéraux essentiels et en oligo-éléments tels que du magnésium ou du zinc. La teneur élevée en silicate contenue dans la poudre très finement moulue des poudres de roche renforce le feuillage et améliore la résistance des plantes aux parasites et aux maladies. Recommandation: 5 à 10 grammes pour 10 litres de compost.

Une alternative possible au classique tas de compost est un seau pour compost Bokashi, dans lequel une solution de Micro-organismes Efficaces (EM) entre en action. En deux semaines, ils transforment les déchets alimentaires en un engrais de haute qualité pour le jardin.

Le compost est vivant

Les végétaux ne sont pas les seuls à s’épanouir dans un compost: de nombreux autres êtres vivants s’y sentent tout à fait à leur aise. Au cœur d’un tas de compost, des bactéries et des champignons microscopiques et résistants à la chaleur font tellement monter la température dans les premières semaines de décomposition des déchets qu’aucuns autres êtres vivants ne peuvent y vivre. Les premiers organismes plus gros, comme des nématodes, des collemboles des cochenilles s’installent plus en périphérie au fil du temps. On peut les identifier avec une loupe.

Des animaux plus gros, visibles à l’œil nu comme des mille-pattes, des carabidés et des acariens prédateurs vivent dans l’enveloppe extérieure plus fraîche du tas de compost. En général, ils ne se nourrissent pas de matériau organique mais suivent les habitants plus petits du compost.

Décomposition du compost

Au cours de la décomposition du compost, c’est-à-dire de la transformation des déchets végétaux en terre humifère, on peut distinguer plusieurs phases. Dans chaque phase, ce sont d’autres êtres vivants qui agissent. La durée des différentes phases et le degré de température dépendent de la nature et de la quantité du matériau de départ. Au bout de six à douze mois, on peut retirer la terre humifère prête. Permet de contrôler le stade de décomposition.

5 phases de la décomposition du compost
La décomposition du compost se déroule en cinq étapes. Dans chaque phase, ce sont d’autres êtres vivants qui entrent en action

1) Décomposition initiale (à une température de 40 à 70 degrés Celsius): Spirilles (bactéries spiralées, petits champignons supérieurs, eubactéries rondes, moisissures diverses
2) Phase de transformation (à environ 35 degrés Celsius): Collemboles, champignons en pinceau, bactéries en bâtonnet, asticots
3) Phase de développement (autour de 20 degrés Celsius): levures, vers rouges du compost, acariens, carabidés, mille-pattes, larves de mouches
4) Maturation (température du sol): Opilions, fourmis, escargots, mauvaises herbes germées comme le mouron, larves de cétoines dorés (à gros arrière-train), larves de hannetons, cloportes
5) Transformation en terre (température de l’air): Mille-pattes noirs, araignées sauteuses, algues, vers de terre, nématodes (sur des restes de feuilles)

L’entretien du compost pour une décomposition optimale

Un bon compostage dépend aussi des conditions environnementales et d’un entretien approprié du compost car tous les êtres vivants et les micro-organismes impliqués dans la décomposition du compost ne s’épanouissent que dans un environnement sombre et uniformément humide. Pour que le soleil ne dessèche pas le tas de compost et que la pluie ne le détrempe pas trop, il est recommandé de choisir un emplacement ombragé sous un arbre. Mais là aussi, vous devez contrôler l’humidité de temps en temps: Si les couches supérieures sont sèches, vous devez humidifier le compost avec de l’eau de pluie au moyen d’un arrosoir. En cas de doute, faites le «test de la poignée»: Le matériau présente la bonne humidité s’il est humide quand on le prend dans la main et si on peut exprimer quelques gouttes d’eau en le pressant. Si on peut presser l’échantillon comme une éponge, la matériau est trop mouillé et doit être re-mélangé.

Recouvrir le compost
Un couverture avec des paillassons de roseau ou un voile respirant empêche le compost de dessécher au soleil et d’être détrempé par la pluie.

Les professionnels recouvrent le tas de compost avec un film plastique après l’avoir installé. Avantage: En cas de fortes pluies, il n’est pas détrempé et n’évapore pas trop d’humidité pendant les étés chauds. De larges fentes d’aération sur les parois latérales facilitent la bonne pénétration de l’oxygène. Dessous aussi, les composteurs doivent toujours être ouverts et posés non pas sur une surface pavée mais sur le sol du jardin. De cette manière, d’une part les vers de terre et d’autres êtres vivants du sol peuvent s’installer dans le compost, et d’autre part, l’excédent d’eau peut s’écouler. Un grillage posé entre le conteneur et le sol éloigne les rongeurs indésirables comme les campagnols, par exemple.

Température du compost

Avec un thermomètre à compost, vous pouvez contrôler le processus de décomposition. Après la création et le retournement, la température du matériau monte vite jusqu’à 50 à 60 degrés Celsius. Les graines de mauvaises herbes, les mauvaises herbes à racine pivotante déjà séchées et d’autres agents pathogènes ne deviennent inoffensifs que si la température de 65 à 70 degrés Celsius est atteinte et se maintient pendant plusieurs jours. Retourner éventuellement la zone périphérique! Avec une température de 80 degrés Celsius (obtenue par exemple par des proportions élevées de restes alimentaires ou de tonte de gazon), l’azote est éliminé sous forme d’ammoniaque et de protoxyde d’azote. Ceci est également nocif pour les êtres vivants du compost. Conseil: Accordez-lui un peu de fraicheur en retirant la couverture et en incorporant des feuilles mortes sèches.

Thermomètre de sol dans le sol du jardin
Avec un thermomètre de sol, on peut contrôler la température à l’intérieur du compost.
Quand le compost est-il mûr?

En fonction du type de composteur, des proportions du mélange et de la saison, le compost est prêt au bout de six à douze mois. La terre humifère est alors tamisée, on rejette les morceaux grossiers qui rentreront à nouveau dans le processus de décomposition. Mais on peut aussi laisser le compost mûrir plus longtemps, jusqu’à trois ans. On retiendra comme principe de base que plus la durée de décomposition est courte, plus le compost contient de nutriments. Pour le compost grossier, c’est-à-dire au stade de décomposition atteint après trois à quatre mois, l’action fertilisante est l’élément principal, c’est pourquoi il se décompose rapidement («humus nutritif»). Le compost mûr, en revanche, contient de nombreux complexes humifères durables qui améliorent le sol pendant longtemps («humus durable»)

Utilisation en fonction du stade de maturité

On appelle compost frais les éléments de base bien mélangés. Avec une bonne composition, on peut éviter de passer par la case silo de compost et épandre le matériau comme couche de paillage dans le jardin potager (compostage de surface).

Compost frais
Le compost frais convient comme matériau de paillage mais doit être incorporé en surface.

Le compost brut contient encore des parties de plantes reconnaissables et insuffisamment décomposés. Après tamisage des éléments grossiers, le compost brut est réparti entre les espèces de légumes avides de nutriments, sous des arbres fruitiers ou des buissons d’ornement.

Le compost mûr est sombre, dégage une odeur de terre des forêts et peut être utilisé de diverses façons. En fonction des besoins en nutriments des différentes espèces de fruits et de légumes, de fleurs et d’herbes aromatiques, deux à cinq litres par mètre carré sont suffisants comme engrais de base. Conseil: Mélangé à des granules d’argile et du terreau, le compost mûr donne une terre biologique pour plantes en bacs et en pots.

Epandre du compost

En tant qu’engrais naturel, le compost n’est pas seulement un pourvoyeur de nutriments: ce qui compte le plus, c’est le matériau organique décomposé (l’humus) que vous apportez à votre sol par le biais du compost. Voici comment le compost contribue à la formation d’humus au jardin. L’humus améliore la structure des sols sablonneux en augmentant la capacité de stockage d’eau et de nutriments. Avec un apport régulier de compost, les sols argileux deviennent plus perméables à l’air et sont plus faciles à travailler.

Pailler un jardin potager avec du compost
Le compost est considéré comme une arme universelle pour les jardins potagers et fournit les meilleurs conditions pour une récolte abondante.

Dans un jardin potager, on épand à chaque printemps les quantités suivantes de compost, en fonction des besoins en nutriments des plantes: pour les plantes gourmandes en nutriments comme les tomates et les choux, quatre à six litres par mètre carré, pour celles aux besoins moyens comme les carottes et les oignons, deux à trois litres et pour les légumes peu gourmands comme les haricots et les radis un à deux litres. Répartissez le compost sur le sol ameubli et laissez les massifs reposer une dizaine de jours avant de commencer les semis ou la plantation. Pendant ce temps, la plupart des mauvaises herbes contenues dans le compost vont germer et vous pourrez les retirer avec un râteau sans devoir faire attention à des semis. Avant d’être épandu dans le massif de légumes, le compost doit être tamisé.

De même, lors de la création de jardins, il faut répartir en superficie 15 à 20 litres de compost mûr par mètre carré pour amender le sol. Le compost dit frais qui est à moitié décomposé est très riche en nutriments. Il convient bien comme couvre-col sur les racines d’arbustes et de vivaces de sous-bois. Si vous n’avez pas assez de compost, vous pouvez vous en procurer des quantités assez importantes auprès d’une usine de compostage de votre région. C’est judicieux lors de la création d’un jardin ou si on veut faire du bien à un sol sablonneux ou lourd. La meilleure méthode pour incorporer des quantités assez importantes en surface est d’utiliser une motobineuse que l’on peut louer dans un magasin de bricolage.